Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/258

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penser d’une gaieté qui se trouve si voisine d’une tristesse si morne. Aussi je vous jure qu’il est diablement difficile de se mettre en confiance avec vous, quelque envie qu’on en puisse avoir…

Il est bien évident que je ne crus pas un mot de ce que me dit le comte au sujet de ma puissance attractive ; et, sans pouvoir encore démêler le but de cette flatterie, qui ne me parut que ridicule et grossière, je voulus me montrer à lui sous un tel jour qu’il m’épargnât désormais de telles confidences.

— Vous avez raison, — dis-je au comte, — je sais qu’il ne doit pas être facile de se mettre en confiance avec moi, car étant par nature extrêmement dissimulé, et comptant peu sur les autres parce qu’ils pourraient fort peu compter sur moi, il doit m’être aussi difficile qu’il m’est indifférent d’inspirer le moindre sentiment d’attraction.

Le comte me regarda d’abord d’un air très-sérieusement étonné, puis il me dit d’un air assez piqué :

— Cette dissimulation n’est du moins pas dangereuse, puisque vous l’avouez.

— Mais je n’ai jamais songé à être dangereux, — lui dis-je en souriant.

— Ah çà, — reprit-il, — et où donc croyez-