Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/259

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vous trouver des amis avec de pareils aveux ?

— Des amis ? — demandai-je à M. de Cernay, — et pourquoi faire ?

Il y eut sans doute dans l’expression de mes traits, dans l’accent de ma voix, une apparence de vérité telle que le comte me regarda avec surprise.

— Parlez-vous sérieusement ? me dit-il.

— Très-sérieusement, je vous jure ; qu’y a-t-il d’étonnant dans ce que je vous dis là.

— Et vous ne craignez pas d’avouer une aussi complète indifférence ?

— Pourquoi craindrais-je ?

— Pourquoi ? — reprit-il d’un air de plus en plus stupéfait. Puis bientôt il me dit : — Allons, c’est un paradoxe que vous vous amusez à soutenir ; c’est fort original, sans doute ; mais au fond je suis sur que vous ne pensez pas un mot de cela.

— Soit, parlons d’autre chose, — dis-je au comte.

— Mais voyons, sérieusement, — reprit-il, — pouvez-vous demander : À quoi bon les amis ?

— Sérieusement, — lui dis-je, — à quoi vous suis-je bon ? — à quoi m’êtes-vous bon ? Que demain nous ne nous voyions plus, qu’y