Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/261

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m’être utile qu’au jour du malheur ? Or, il est matériellement et mathématiquement impossible que je sois jamais malheureux.

— Comment cela ? — dit le comte de plus en plus ébahi.

— Par une raison fort simple. Ma santé est parfaite, mon nom et mes relations me mettent au niveau de tous, ma fortune est en terres, j’ai toujours deux années de revenus d’avance, je ne suis ni joueur ni prêteur : comment voulez-vous donc que je sois jamais malheureux ?

— Mais alors il n’y a donc pas à vos yeux d’autres malheurs que les douleurs physiques ou les embarras matériels ?… Et les peines de cœur ? — me dit le comte d’un air véritablement affligé.

À cela je répondis par un éclat de rire si franc que M. de Cernay en demeura tout étourdi ; puis il reprit :

— Avec une telle façon de voir, il est évident qu’on n’a jamais besoin de personne… et tout ce que je puis vous dire… c’est que je vous plains fort. Mais pourtant, — ajouta-t-il presque impatiemment, — avouez que si demain je venais vous demander un service vous ne me le refuseriez pas, quand ça ne serait que