Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/44

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dont les trois fenêtres Couvraient sur la partie du parc que je n’avais pas vue. Le salon, à frises dorées, était tendu de damas ponceau ; les meubles, qui paraissaient être de la belle époque du siècle de Louis XIV, étaient aussi dorés ; et plusieurs consoles de marqueterie, comblées de magnifiques porcelaines de toutes sortes, complétaient l’ornement de cette pièce. Mais ce qui me plut surtout, c’est que la splendeur de ce luxe, ordinaire dans une ville, contrastait là délicieusement avec la solitude presque sauvage de l’habitation, et surtout avec la nature riante et grandiose qu’on découvrait des fenêtres du salon.

C’était une immense prairie de ce gazon si frais et si vert que j’avais tant admiré ; à travers cette pelouse serpentait sans doute la rivière limpide et courante que j’avais plusieurs fois traversée en arrivant à *** ; de chaque côté de cette plaine de verdure, s’étendait un grand rideau de chênes et de tilleuls branchus jusqu’à leurs pieds, et deux ou trois bouquets de bouleaux à écorce d’argent étaient jetés ça et là dans celle énorme prairie où paissaient plusieurs vaches suisses de la plus grande beauté ; enfin, à l’horizon, dominant plusieurs collines étagées, on voyait se découper hardiment la