Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/58

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bruits avaient quelques fondements, qui allait, dis-je, donner ici un exemple funeste, parce qu’aux yeux de nos pauvres montagnards, le rang et la fortune de ces nouveaux venus devaient sembler autoriser leur conduite coupable.

Ces pensées me mirent donc en grande défiance contre le comte, et je me promis bien que si, parmi hasard peu probable, ce dernier me faisait quelques avances personnelles, de protester du moins, par ma sévère et inexorable froideur, contre l’immoralité d’une existence aussi condamnable.

Ce fut donc, il y a deux ans passés que le comte s’établit ici, avec une jeune femme et un enfant dont vous avez vu les portraits. — (Quelques jours après, je reçus un billet de lui, dans lequel il me demandait la grâce d’un moment d’entretien. Je ne pouvais refuser, et le Comte se présenta chez moi. Bien que ma résolution, mes habitudes, mon caractère, mes principes, et une sorte de façon d’envisager certaines choses et certains hommes, dussent me prévenir extrêmement contre ce dernier, je ne pus m’empêcher d’être frappé d’abord de son extérieur remarquable, car c’est son portrait que vous avez vu, monsieur ; puis aussi