Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/64

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moi des besoins de nos pauvres, et me parla d’un projet qu’il avait d’établir une école pour les enfants sous ma direction, me communiqua ses idées à ce sujet, établit une sage et remarquable distinction entre l’éducation qu’on doit donner aux gens voués aux travaux physiques et celle que doivent recevoir les gens destinés aux professions libérales ; et déployant, dans cette conversation qui me tint de nouveau sous le charme, les vues les plus hautes et les plus étendues, il montra l’esprit le plus mur et le plus droit, puis me quitta.

Hélas ! monsieur, les misères et les faiblesses de notre nature sont tellement inexplicables, que je fus presque blessé de l’indifférence apparente du comte au sujet de mon sermon, au lieu de voir dans sa conduite mesurée une respectueuse soumission aux devoirs que m’imposaient mes convictions et mon caractère.

Peu de temps après une des grandes fêtes de l’église approchait ; je m’y rendais un jour pour y entendre la confession de nos montagnards, lorsque, en allant à mon confessionnal, je vis parmi les paysans cette même femme, humblement agenouillée comme eux sur la pierre humide et dure : elle attendit là longtemps, et vint à son tour au tribunal de la pé-