Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/65

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nitence. J’étais loin d’être indulgent pour nos paysans, mais je ne sais pourquoi je me sentis disposé à être plus sévère encore pour une personne que son rang paraissait mettre au-dessus d’eux. La voix de cette dame était tremblante, émue, son accent timide et doux ; et sans trahir ici un de nos plus grands, un de nos plus sacrés mystères, puisque, hélas ! monsieur, je ne vous apprends que des faits maintenant publics et mis en évidence par un effroyable événement, je reconnus, dès ce jour et dans la suite des temps, l’âme la plus noble et la plus repentante, mais aussi la plus faible et la plus criminelle sous le rapport de son attachement coupable pour le comte... attachement qui me parut tenir d’une exaltation que j’oserais appeler sainte et religieuse si je ne craignais de profaner ces mots.

Que vous dire de plus, monsieur ! Au bout de six mois de séjour dans nos contrées, le comte et cette dame, que nos montagnards appelèrent bientôt, dans la naïveté de leur reconnaissance, l’Ange Marie car personne ne l’entendit jamais appeler autrement que Marie ; le comte et cette dame avaient été si charitables que nous ne comptions plus un malheureux dans cette paroisse ; et bien plus, telle était