Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/71

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avec un geste, avec une expression de bonheur et d’admiration impossible à rendre.

Ah ! monsieur, que de longues et douces soirées j’ai ainsi passées dans l’intimité de ces deux personnes à la fois si coupables et si vertueuses ! … Que de fois ce fatal et bizarre contraste a confondu ma raison ! Que de fois, l’été, le soir, en les quittant, au lieu de rentrer au presbytère, j’allai me promener sur nos montagnes, pour méditer plus en silence, plus sous l’œil de Dieu, si cela se peut dire !! « O Seigneur ! … m’écriais-je, tes vues sont impénétrables ! … Cette femme est adultère et criminelle ; elle a la conscience de sa faute, puisqu’elle pleure incessamment sa faute ; elle est bien coupable sans doute à tes yeux et à ceux des hommes ! et pourtant quelle vie plus exemplaire, plus bienfaisante, plus pratiquement touchante et vertueuse que la sienne ? Combien de fois aussi 1 ai-je entendue chanter des hymnes en ton nom ! sa voix annonçait une foi si profonde et si religieuse que cette foi ne pouvait être feinte !… O mon Dieu ! qu’est-ce donc que le vice et le crime, quand ils revêtent ces dangereuses apparences ? Faut-il les haïr davantage ? faut-il les plaindre ? faut-il plutôt leur pardonner ? Et lui, cet homme étrange,