Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/72

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qui, dit-il, n’est pas de nos religions ? quelle est donc la sienne, à lui ? quelle est donc cette religion ignorée qui lui impose une vie si généreuse et si bienfaisante ? qui le rend si bon, qui le fait chérir et bénir de tous ? À quelle source inconnue a-t-il donc puisé ces principes d’une charité si intelligente et si élevée ? Et pourtant on dit qu’il n’a rien respecté de ce qui était saint et sacré aux yeux des hommes, qu’il l’a foulé aux pieds et méprisé… Et cela est… car son amour d’aujourd’hui est criminel… et autrefois il a été bien plus terriblement coupable encore… je le crois ; car de même que la lueur de la foudre fait quelquefois entrevoir toute l’immensité d’un abîme, de même aussi, à ce moment terrible où il tremblait de perdre celle femme… j’ai un instant pu pénétrer les profondeurs de son âme, et j’ai pâli de terreur… Et pourtant la noblesse de ses sentiments ne s’est jamais démentie. O mon Dieu ! que tes vues sont impénétrables ! répétais-je plus indécis que jamais, en m’humiliant toujours devant les mystérieux desseins de la Divinité, car bientôt je devais avoir une terrible preuve que sa formidable justice sait atteindre inexorablement les coupables.

Hélas ! monsieur, mon récit approche de sa