Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/76

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je donne dans toute la naïveté de l’étrange scepticisme qu’ils dévoilent.

Ces sortes de mémoires embrassent une période de douze années.

Bien qu’ils racontent la vie de cet inconnu depuis l’âge de vingt ans, et qu’ils semblent par la date se continuer jusqu’au jour qui précéda sa fin, on voit par une note que le récit des sept premières années fut écrit par le comte, seulement environ cinq ans avant sa mort, tandis que les cinq dernières années sont au contraire écrites comme un journal, presque jour par jour, et selon les événements.

L’écriture de ce journal était fine, correcte, souvent courante et hâtée, comme si la main et la pensée eussent été souvent emportées par l’entraînement des souvenirs. D’autres fois elle était pour ainsi dire calme et acérée, comme si une main de fer l’eût tracée. Sur les marges de ce manuscrit on voyait une infinité de portraits, de silhouettes, esquissés à la plume avec autant de facilité que de grâce, et qui devaient être d’une ressemblance frappante ; enfin, intercalées dans le récit, on trouve çà et là un assez grand nombre de lettres d’écritures différentes qui étaient pour ainsi dire les pièces justificatives de ce singulier manuscrit.