Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/12

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Mais si la méfiance et l’orgueil desséchaient chaque jour dans leurs germes ces nobles instincts, ainsi que l’homme déchu se rappelait l’Éden, il m’en était malheureusement resté le souvenir ! Je comprenais, sans pouvoir l’éprouver, tout ce qu’il devait y avoir, tout ce qu’il y avait d’enivrant cL de divin dans le dévouement et la confiance !

C’était de ma part une continuelle aspiration vers une sphère éthérée, radieuse, au sein de laquelle j’évoquais les amitiés les plus admirables, les amours les plus passionnés ! Mais, hélas ! une défiance acharnée, implacable, honteuse, me faisant bientôt craindre qu’en application tous ces rêves adorables ne fussent plus que de mensongères apparences, son souffle glacé venait incessamment détruire tant de visions enchanteresses !

Je ne pouvais plus d’ailleurs m’abuser ; ce qu’il y avait de bas, d’égoïste et de faible en moi l’emportait de beaucoup sur ce qu’il me restait de noble, de grand et d’élevé dans le cœur.

Ma conduite avec Hélène me l’avait prouvé. L’homme qui calcule et pèse sordidement les chances de ses impulsions, l’homme qui se retient d’éprouver une généreuse attraction de