Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/13

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peur de la voir déçue, celui-là est dépourvu de force, de grandeur et de bonté.

La méfiance côtoie la lâcheté ; de la lâcheté à une cruauté froide, il n’y a qu’une nuance. Je devais, hélas ! l’éprouver misérablement pour moi et pour les autres !

Et pourtant je n’étais pas d’une organisation haineuse et méchante ! Je ressentais des émotions d’une douceur inexprimable lorsque obscurément j’avais rendu quelque service ignoré, dont je ne craignais pas de rougir ! Puis, ce qui n’est jamais, je crois, le fait des âmes absolument mauvaises et perverses, j’aimais à contempler toutes les magnificences de la nature ! La vue d’un splendide coucher du soleil me causait une joie d’enfant ! J’étais heureux de trouver dans un livre la peinture consolante d’un sentiment généreux et bon ! et la sympathie profonde que cette lecture faisait délicieusement vibrer en moi me prouvait que toutes les nobles cordes de mon âme n’étaient pas brisées…

Autant j’aimais, j’admirais passionnément Walter Scott… ce sublime bienfaiteur de la pensée souffrante, dont le génie adorable vous laisse, si on peut excuser cette vulgarité, la bouche toujours si fraîche et si suave… autant