Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/130

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— Oh ! ma vie, ma vie entière expiera ce moment de folie, de vertige. Marguerite, je le jure, vous aurez en moi l’ami le plus dévoué, le frère le plus tendre ; seulement, laissez-moi vous adorer, laissez-moi venir contempler chaque jour en vous ce trésor de noblesse, de candeur et de grâce, qu’un instant j’ai pu méconnaître… Vous verrez… si je suis digne de votre confiance…

— Oh ! maintenant je le crois, aussi vous allez tout savoir ; oui, je me sens mieux, vous me rassurez sur moi et sur vous ; je vais enfin tout vous dire, vous dire ce que je n’ai osé ni voulu confier à nul autre ; et pourtant n’allez pas croire, — ajouta-t-elle avec un triste et doux sourire, — qu’il s’agit d’un secret bien extraordinaire… Rien de plus simple que ce que vous allez entendre, c’est seulement la preuve de cette vérité : — Que si le monde pénètre presque toujours les sentiments faux et coupables, jamais il ne se doute un instant des sentiments naturels, vrais et généreux.

— Ah ! quelle honte… quels remords pour moi… d’avoir partagé tant de stupides et méchants préjugés ! Pourquoi n’ai-je pas toujours écouté l’instinct de mon cœur qui me disait : crois en elle ! Avec quel orgueilleux bonheur,