seul peut-être, j’aurais lu dans votre âme si noble et si pure :
— Consolez-vous, mon ami, c’est moi qui vais vous y faire lire ; n’est-ce pas vous prouver que j’ai en vous plus de confiance que vous n’en avez vous-même ? Si je veux tout vous dire… n’est-ce pas vous montrer enfin que vous êtes peut-être la seule personne à l’estime de laquelle je tienne ? Aussi, en vous expliquant l’apparente singularité de ma vie, si dénaturée par la médisance, j’espère, je désire, je veux à l’avenir pouvoir penser tout haut devant vous. Mais cet aveu exige quelques mots sur le passé ; écoutez-moi donc, je serai brève parce que je serai vraie. Très-riche héritière, libre de mon choix, gâtée par les hommages qui s’adressaient autant à ma fortune qu’à ma personne, à dix-huit ans je n’avais rien aimé. Dans un voyage que je fis en Italie avec monsieur et madame de Blémur, M. de Pënâfiel me fut présenté. Quoique fort jeune encore, il était ambassadeur d’Espagne à Naples dans des circonstances politiques fort difficiles ; c’est vous dire assez la supériorité de son esprit : joignez à cela ces traits, — et elle me montra le médaillon, — un charme d’entretien extraordinaire, une rare solidité de principes, une extrême noblesse de caractère, un