Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/16

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Oh ! c’était en vérité un formidable et stérile châtiment que celui-là, dont je me faisais à la fois la victime et le bourreau, sans que ces tristes rigueurs me rendissent meilleur ni pour moi ni pour les autres.

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Je reviens à madame de Pënâfiel ; j’avais aussi dû entièrement cacher à M. de Cernay quels étaient mes projets ; car l’intervention du comte pouvait m’être utile, et je n’ignorais pas que les meilleurs complices sont ceux qui le sont de bonne foi et sans le savoir.

J’éprouvais donc un vif désir de connaître cette femme étrange, malgré, ou peut-être à cause de tout le mal qu’on en disait, et dont j’avais pu, dans une circonstance du moins, reconnaître la calomnieuse exagération ; mais mon caractère défiant et orgueilleux voyait à ce désir un obstacle insurmontable.

Je le répète, le jour où j’avais pris le parti de madame de Pënâfiel contre M. de Pommerive à l’Opéra, au sujet d’Ismaël, elle pouvait m’avoir entendu ; or, dans ce cas, je trouvais que ma prétention à lui être présenté eût été le comble du mauvais goût, ma discussion avec M. de Pommerive ne semblant plus alors que le prélude calculé de cette demande.