Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/160

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jugale, qui règne dans la plupart des liaisons, ce serait très-piquant : beaucoup de maris très-aimables n’ont contre eux que d’être maris ; or, puisque beaucoup ne le sont plus, ils ont mille chances de paraître charmants. — Après avoir longuement et gaiement débattu cette question, nous sommes convenus de ce souper avec une proportion raisonnable de maris et d’amants.

Il était assez tard, Marguerite a prié son cousin don Luis de demander sa voiture ; tandis qu’elle l’attendait et que je jetais son mantelet sur ses belles épaules, je lui ai dit à voix basse :

— À demain onze heures… n’est-ce pas ?

Elle a beaucoup rougi, et m’a légèrement serré la main lorsque je lui ai rendu son éventail et son flacon…

— J’ai compris.

Don Luiz lui a offert son bras, et elle est partie.

Rentré chez moi, je viens d’écrire le détail de cette journée si vide en apparence, et pourtant si remplie de joies charmantes.

Joies charmantes qui sont tout et rien : rien si on les isole, tout si on les rassemble. Alors c’est un bonheur épanoui, radieux, émaillé de mille délicieux souvenirs, aussi enivrants que le par-