Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/171

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touché, m’a ravi, mais ne m’a pas fait véritablement rougir de mon empressement auprès de madame de V*, que j’ai trouvée d’un éclat et d’une vivacité charmante.

Je lis pourtant avec amour la lettre de Marguerite ; elle est tendre et bonne, pleine d’une charmante mélancolie ; elle se félicite de cette longue soirée passée seule avec mon souvenir. En post-scriptum, elle me rappelle que demain à trois heures nous devons nous retrouver chez mademoiselle Lenormand pour savoir notre avenir.

C’est justement à trois heures que j’ai promis à madame de V* d’aller voir ses dessins ; que faire ? Je ne puis certainement pas mettre en balance mon affection profonde et vraie pour Marguerite avec le caprice très-vif, mais sans doute éphémère, que je ressens pour madame de V*, aussi jolie, aussi séduisante que légère et coquette.

Mais je suis assuré de l’affection de Marguerite ; c’est un amour sincère et durable ; le goût passager que j’échangerai peut-être avec madame de V* ne portera d’ailleurs aucune atteinte à cette intimité tendre et sérieuse.

Avec une femme aussi inconstante, aussi variable que madame de V*, une occasion perdue