Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/178

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attendant mou avis, j’ai voulu savoir le caractère de l’homme excentrique, s’il était sûr, sincère, et non pas indiscret et étourdi.

— Eh bien, madame ?

— Eh bien, monsieur, c’était un de ces hommes assez rares, auxquels une femme peut tout confier, qui comprennent tout, apprécient tout, admettent tout, quitte ensuite à dire franchement ce qu’ils pensent, mais qui ensevelissent la confidence dans le secret le plus impénétrable. S’il est ainsi, dis-je à mon amie, vous n’avez qu’une chose à faire, c’est d’être inconséquente, osée, hardie, ou plutôt d’être enfin ce que nous ne sommes presque jamais, — franche et vraie ; — en un mot, — dites à l’’homme excentrique : « Vous voulez me plaire, mais je vous sais occupé ; or, non-seulement une affection partagée ne peut me convenir, mais, si j’agrée vos soins, je veux une preuve, un moyen sûr de rendre impossible pour l’avenir tout retour à la personne que vous m’aurez sacrifiée. En un mot, envoyez-moi toutes ses lettres, avec un billet significatif et très-compromettant à ce sujet, et… l’avenir est aux heureux… » Eh bien ! ne donnais-je pas là un affreux conseil à mon amie ? — m’a dit madame de V* en terminant.