Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/18

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le manège de madame de Pënâfiel, si elle voulait être fausse.

Seulement, j’avais pressenti que, dans le cas où je voudrais me ranger au nombre de ses adorateurs, si invisiblement nombreux, disait-on, il serait bien qu’au retour de son voyage de Bretagne je fusse, ou du moins je semblasse occupé d’un autre intérêt, afin de me trouver en mesure de paraître sacrifier quelque chose à madame de Pënâfiel, une femme étant beaucoup plus flattée d’un hommage, quand on peut y joindre et mettre à ses pieds l’oubli d’une affection déjà acquise. Alors, il y a non-seulement triomphe, mais avantage remporté par la comparaison.

Je résolus donc, avant le retour de madame de Pënâfiel, de m’occuper d’une femme qui fût à la mode, et qui de plus possédât un courtisan officiellement reconnu.

Je tenais à ces deux conditions, afin de rendre le bruit de mon intérêt supposé beaucoup plus rapide et plus retentissant. Le calcul était simple, en cela que, dès que le monde s’apercevrait de mes prétentions, il ne manquerait pas aussitôt, avec sa charité et sa véracité habituelles, de se charger de proclamer à toute