Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/183

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soins sans conditions ; or, celles qu’elle me faisait positivement étaient aussi exorbitantes qu’inadmissibles.

Chose étrange ! autant hier, lorsque je songeais à tromper Marguerite, mon amour pour elle m’avait paru s’accroître… autant aujourd’hui, après cette sorte d’échec à la trahison que je méditais, mon affection semble se refroidir.

Cette impression, peut-être exagérée, sera sans doute éphémère ; — mais je l’éprouve.

En pensant à la soirée que je vais passer près d’elle, je sens que je me serais montré beaucoup plus tendre, beaucoup plus aimable, si j’avais eu quelque tort réel à me reprocher et à lui cacher.

Sans doute j’avais bien agi en me refusant à ce que madame de V* espérait de moi ; mais je ne pouvais trouver dans mon procédé, si naturel d’ailleurs, aucune satisfaction de conscience ; car Marguerite me plaisait beaucoup plus que son ennemie : en n’hésitant pas entre elles deux, je n’avais fait aucun sacrifice.

Néanmoins il m’est presque impossible de ne pas ressentir une sorte de violent dépit contre madame de Pënâfiel en pensant que sans l’inimitié qu’elle a inspirée à madame de