Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/185

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tel de Pënâfiel, dans une disposition d’esprit aigre et maussade.

« Comme vous venez tard ! — m’a dit Marguerite en souriant et d’un ton de reproche amical ; mais j’ai tellement hâte de vous dire mon secret, mes projets du mois de mai, que je ne veux pas perdre de temps à vous gronder. Asseyez-vous là, près de moi, et soyez muet.

Satisfait de cette recommandation, qui me permettait de cacher mon humeur chagrine, je baisai la main de Marguerite, et je lui dis d’un air sérieux, qu’elle crut feint : — Me voici d’une gravité, d’une attention complète ; je vous écoute.

— Tout ce que j’espère, c’est que cet air grave, cette attention, seront tout à l’heure fort dérangés par l’étourdissement imprévu de ce que j’ai à vous dire, — ajouta en riant madame de Pënâfiel ; — mais qu’importe ! ne m’interrompez pas… Je voulais aller ce matin chez mademoiselle Lenormand, non-seulement à cause de mon jour de naissance, mais encore parce que j’étais curieuse de savoir si cette rare devineresse m’aurait su prédire que le plus grand bonheur que j’aie rêvé de ma vie était