Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/186

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sur le point de se réaliser. Ce bonheur le voici : — le Ier mai je quitte Paris…

— Vous partez !…

— Silence, — me dit Marguerite en mettant son joli doigt sur ses lèvres ; — vous voilà déjà tout ému, rien qu’au commencement ; que sera-ce donc tout à l’heure ? Je reprends : je pars le Ier mai, n’emmenant avec moi qu’un homme de confiance et ma vieille femme de chambre, mademoiselle Vandeuil. Le but apparent de mon voyage est un séjour de quelques mois dans une de mes terres, en Lorraine, que je n’ai pas visitée depuis longtemps….

— Je devine…

— Vous ne devinez pas du tout. À six lieues de Paris je m’arrête ; je laisse ma voiture chez le père de ma femme de chambre qui m’est tout dévoué, et je reviens à Paris, devinez ou ?

— En vérité, je ne sais…

— Dans une modeste mais charmante petite demeure, située au fond d’un quartier perdu, et je m’installe sous le nom de madame Duval, jeune veuve arrivant de Bretagne à Paris pour s’occuper d’un procès… Eh bien ! que vous disais-je ? vous voilà, comme je m’y atten-