Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/193

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— Les yeux ouverts ! — répéta Marguerite sans comprendre.

— Quant à ma dernière lettre, vous savez comme moi… mieux que moi, que, s’il est encore assez difficile de bien feindre la vérité dans la parole, dans le geste et dans l’accent, rien n’est plus facile et plus vulgaire que de mentir dans une phrase étudiée, réfléchie tout à l’aise… Ainsi lorsque je vous ai écrit cette dernière lettre… si tendre comme vous dites, je venais d’obtenir un rendez-vous de madame de V*.

— Arthur, Arthur ! vous plaisantez cruellement ! et, sans le vouloir, vous me faites bien du mal…

— Je ne plaisante pas, je vous jure ; je parle au contraire très-sérieusement, très en ami… afin que vous ne soyez pas plus dupe de ma fausseté… que je ne veux l’être de la vôtre.

— Dupe ?… dupe de ma fausseté ?

— Oui.

— Dupe de ma fausseté !… Quelle expression étrange dans votre bouche !… Et pourquoi seriez-vous ma dupe ? Qu’est-ce que cela signifie ? Mais c’est inexplicable… et à quel propos, mon Dieu ! me dites-vous cela ?

— Je vous dis cela à propos de ce que vous