Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/194

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savez mieux que moi : c’est que je ne suis pas le premier de vos amants à qui vous ayez proposé cette divertissante pastorale de faubourg.

Marguerite joignit ses mains et les laissa tomber sur ses genoux en me regardant avec des yeux fixes et arrondis par la stupéfaction et la douleur. Mais je continuai résolument, bien que le cœur me battit fort et vite… et que le souvenir du dernier entretien que j’avais eu autrefois avec Hélène me traversât la pensée, brûlant et douloureux comme un trait de feu :

— Voyez-vous, ma chère, au milieu des distractions du monde, on peut assez convenablement remplir son office d’amant, et ignorer de bonne grâce les antécédents de cœur de l’objet aimé ; rien de plus ridicule, d’ailleurs, que celle inquiétude du passé ; car vous appartient-il ? L’avenir reste, et le diable sait ce qu’il nous réserve. Mais pour remplir avec quelque supériorité ce rôle d’amant sans aïeux… dans celle mystérieuse idylle qui a pour spectatrices habituelles vous et votre femme de chambre ; mais pour jouer au moins comme les autres à une maisonnette et son cœur ! il faut être meilleur ou plus mauvais comédien que je ne le suis. D’honneur, ma chère Marguerite, je craindrais trop de paraître inférieur à mes nombreux de-