Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/196

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rent les seules pensées que fit naître en moi cette douleur silencieuse et éplorée.

Elle pleura longtemps.

Sans lui dire un seul mol de consolation, je la regardais d’un air sombre et haineux, irrité contre moi, et l’accusant pourtant des mille sentiments douloureux qui m’agitaient.

Tout à coup Marguerite redressa son visage pale et marbré, regarda autour d’elle avec égarement, se leva droite et fit un pas ôu deux en disant : « Non, non, ce n’est pas un rêve… c’est une réalité… c’est bien… — Puis les forces semblant lui manquer, elle retomba sur son fauteuil…

Alors essuyant ses yeux, elle me dit d’une voix ferme : « Pardon de cette faiblesse, c’est que, voyez-vous, depuis que je vous ai tout dit… c’est la première fois que vous me traitez ainsi… Pourtant je vous crois beaucoup moins cruel que vous ne le paraissez. Il est impossible que de gaieté de cœur vous me fassiez un mal si affreux ; non, cela est impossible : aussi je ne vous en veux pas ; on vous a abusé, et vous avez cru à des calomnies. Eh bien ! ni vous, ni moi, n’est-ce pas, mon ami, nous ne pouvons sacrifier notre bonheur à venir à de si