Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/197

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misérables médisances ? Vous allez donc me dire, me confier vos soupçons, les preuves que vous croyez avoir de ma fausseté, et je les détruirai d’un mot, entendez-vous, d’un seul mot, car la vérité a un langage auquel rien ne résiste… Encore une fois je ne vous en veux pas, Arthur ! Pour traiter une femme ainsi que vous m’avez traitée, et cela dans un moment où, radieuse d’amour et d’espérance, elle venait à vous pour… Mais non, non, il ne s’agit plus de cela… encore une fois, pour traiter une femme avec ce mépris et cette dureté, il faut avoir de sérieuses preuves contre elle, n’est-ce pas ? Eh bien, dites… dites… quelles sont-elles ? »

Ce calme et noble langage m’irrita, car il me fit rougir de honte. Comment oser avouer qu’un méchant caprice d’incurable défiance, que le vague souvenir d’une calomnie, que le dépit surtout de n’avoir pas réussi auprès de madame de V* aussitôt que je l’espérais avaient seuls provoqué ma brutale et insolente réponse ? Aussi, par orgueil je ne voulus point avouer que j’avais agi comme un insensé, et je continuai d’être cruel, injuste, ou plutôt fou de méchanceté.

« Madame, — dis-je avec hauteur, — je n’ai