Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

procédé en ne vous tracassant pas là-dessus, et feignant d’être votre dupe ; d’ailleurs, j’étais censé avoir le premier triomphe du cher mort… lutte, il est vrai, peu flatteuse… mais…

— Malheureux ! — s’écria Marguerite en m’interrompant, et se levant droite, majestueuse, presque menaçante, l’œil brillant, les joues colorées d’indignation. Puis, s’appuyant tout à coup sur un meuble, elle se dit à voix basse, et comme écrasée par le remords : — J’ai mérité cela… j’ai mérité cela… souffre, malheureuse femme…, à qui oserais-tu te plaindre maintenant !!!…

À travers les mille impressions tumultueuses qui luttaient dans mon âme, je sentis un mouvement de pitié profonde et de terreur épouvantable ; j’allais peut-être revenir à la raison, lorsque Marguerite ayant essuyé ses larmes, me dit d’une voix brève : « Pour la dernière fois, monsieur, croyez-vous à une seule de ces infâmes calomnies ? Songez-y bien… votre réponse fixera ma destinée et la vôtre !… »

Ce ton de menace me mit hors de moi, je devins fou ou plutôt le jouet de je ne sais quel vertige.

M’approchant de Marguerite, je lui dis en lui prenant la taille :