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Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/204

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abattement dans le vide de mon cœur. Je sentais mon mal, et je n’avais pas le courage de chercher sa guérison. J’agissais avec la faiblesse de ces gens qui, s’opiniâtrant dans la douleur, préfèrent une souffrance sourde et continue à l’action héroïque, mais bienfaisante, du fer ou du feu.

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Je menais une vie misérable ; le jour je faisais défendre ma porte aux rares visiteurs que ma réserve et mon isolement dans le bonheur n’avaient pas éloignés de moi. Quelquefois aussi je me livrais à des exercices violents, je montais à cheval, je faisais des armes avec fureur, afin de me briser, de m’anéantir par la fatigue, croyant ainsi engourdir la pensée dans l’épuisement du corps.

Puis, quand le soir arrivait, j’éprouvais je ne sais quel âpre et étrange plaisir à m’envelopper d’un manteau, et à errer ainsi seul à l’aventure dans Paris, surtout par des temps sombres et orageux.

Je me livrais alors à une sorte d’emportement dédaigneux, aussi ridicule que puéril, en passant devant de somptueux hôtels, devant les théâtres éclairés, en voyant ces voitures rapides qui se croisaient en tout sens pour aller