Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à ces fêtes : — Moi aussi, si je voulais, j’ai ma place dans ces salons joyeux, dans ce monde si splendide et si envié ; si je voulais, à cette heure, mes chevaux impatients m’y transporteraient ! Cette existence que je dédaigne ferait la joie et l’orgueil du grand nombre, et pourtant, par je ne sais quel honteux caprice qui insulte au bonheur tout fait que le destin m’a donné, je préfère errer ainsi à pied, en promenant une tristesse incurable à travers ces rues fangeuses. Une femme belle et jeune, noble et spirituelle, qui réunit enfin tout ce qui peut flatter la vanité de l’homme, m’a enivré de l’amour le plus pur, et après deux mois d’un bonheur idéal, sans raison et sans honte, j’ai follement, j’ai brutalement foulé aux pieds cet amour avec colère et mépris ! Et je n’ai pas même le courage de cette colère et de ce mépris, car maintenant je rougis de ma conduite, je pleure, je suis le plus misérable des hommes ; je vais me cachant comme un criminel ; et ces créatures immondes et effrontées qui errent çà et là dans la boue, me parlent… à moi… À moi qui, à cette heure, pourrais être aux genoux d’une femme dont tous admirent l’élégance, l’esprit et le charme ! d’une femme qui m’avait offert de réaliser le rêve de la félicité