Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/21

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manquer ; triste ou gaie, il lui faut être là, toujours là, avoir toujours la robe la plus élégante, la coiffure la plus fraîche, la figure la plus épanouie ; toujours être accessible, gracieuse, avenante ; le premier sot venu a son droit rigoureusement établi à un accueil enchanteur… Car il y a lutte entre les femmes à la mode… lutte passive, mais acharnée, dont les fleurs, les rubans, les pierreries et les sourires sont les armes ; lutte muette et pourtant terrible, remplie d’angoisses cruelles, de larmes dévorées, de désespoirs inconnus… lutte dont les blessures sont profondes et douloureuses, car l’amour-propre sacrifié laisse des plaies incurables.

Mais qu’importe ! Si on veut un soir régner en souveraine sur cette élite de femmes choisies, ne faut-il pas se montrer plus gracieuse encore que celle-ci, plus coquette que celle-là, plus prévenante que toutes ? Puis enfin, pour fixer la foule autour de soi, ne faut-il pas laisser voir quelques préférences, afin que chacun s’empresse… dans l’espérance de paraître à son tour préféré ?…

Mais il faut entendre le préféré, le dernier préféré, celui du jour, du soir, de la dernière valse, du dernier cotillon, le prix de cette lutte charmante et divine, dans laquelle les fleurs