Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/22

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l’ont emporté sur les fleurs, les grâces sur les grâces ; vêtu, lui préféré, tout dédaigneusement d’un frac noir, il faut l’entendre, s’étalant à souper, raconter, la bouche pleine, à d’autres préférés qui le lui rendent bien, toutes les provocantes agaceries qu’on lui a faites, son embarras de jeter le mouchoir parmi tant de belles et inquiètes empressées, son joyeux mépris des rivalités qu’il cause. Aussi, en entendant ces mystérieuses et surtout véridiques confidences, c’est à se demander quelquefois de qui on parle et où on se trouve, et à se remettre à admirer avec plus de ferveur que jamais la sublime abnégation des femmes qui se vouent corps et finie à la mode ; à cette brutale et cruelle divinité dont les hommes sont les prêtres, et qui paye en indifférence ou en dédain toutes ces belles et fraîches années, sitôt flétries et à jamais perdues à la servir.

Mais, comme je voulais néanmoins paraître aussi profiter de l’abnégation d’une de ces charmantes victimes, — parmi toutes les beautés qui rayonnaient alors, je m’attachai a une très-jolie femme, blonde, fraîche et rose, trop rose peut-être, mais qui avait de beaux grands yeux noirs, doux et brillants à la fois, des lèvres bien purpurines et de ravissantes dents blanches,