Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/211

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autre, elle posait son livre sur ses genoux, et par un mouvement qui me fit tressaillir à la fois de doux et amers souvenirs, elle appuyait son menton frais et blanc sur le dos de sa main gauche, dont le petit doigt seul était relevé le long de sa joue, avec son ongle luisant et poli comme une coquille rose.

Hélène, de temps à autre, attachait un regard tantôt inquiet sur la pendule, tantôt distrait sur le feu qui jetait une vive flamme ; quelquefois aussi elle semblait écouter attentivement du côté du berceau, et reprenait sa lecture ; puis en lisant, elle allongeait machinalement un des soyeux et élastiques anneaux de sa belle chevelure, et le portait à ses lèvres ; autre manie enfantine qui la faisait gronder bien souvent par sa mère, et qui, hélas ! me vint douloureusement encore rappeler mes beaux jours de Cerval !

L’intérieur de ce petit salon était de la dernière simplicité ; à côté d’Hélène sur une table couverte d’un tapis, je reconnus un vase de Saxe venant de sa mère, et contenant une de ses fleurs de prédilection ; les murs de cet appartement, tendus de papier rouge, étaient couverts d’une foule de cadres de bois de chêne remplis d’aquarelles et de dessins. Enfin, des