Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/231

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les plus profonds replis du cœur, en sont-elles moins douloureuses ?

Pourtant, avec l’insatiable avidité du désespoir, qui veut tarir sa coupe amère jusqu’à la lie, je regardai de nouveau dans ce salon, en appuyant mon front brillant sur l’humide planche des volets.

Je jetai les yeux vers la porte qui communiquait à cette autre pièce où la veille j’avais aperçu le berceau. Cette fois, par cette porte, entièrement ouverte, je vis, au fond de cette chambre, Hélène dormant à côté de son enfant.

Frank dessinait toujours en jetant de temps en temps un tendre regard sur ce groupe enchanteur.

De ma vie je n’oublierai le spectacle sublime de ce noble jeune homme, travaillant ainsi dans le silence de la nuit, et le pieux recueillement du foyer domestique, pour assurer l’existence de sa femme et de son enfant, qui reposaient si paisibles sous son égide tutélaire.

Toute la noirceur de mon envie ne put résister à cette scène si simple et si grande ; mon âme, jusque-là froide et inflexible, se sentit peu à peu et doucement pénétrée par l’admiration. Je compris ce qu’il fallait d’espérance et de force à ce jeune homme, d’un talent aussi élevé