Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/24

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j’étais navré ; car elle ne désirait pas et je n’aurais pu d’ailleurs lui offrir une compensation. — Mais n’y tenant plus, et justement froissée des manières brutales de cet étrange adorateur, elle me fit, pour se venger, quelques coquetteries des plus innocentes. Bientôt M. de Sainville me servit au delà de mes souhaits ; car, après deux ou trois scènes variées qui passèrent de la dignité blessée à l’ironie froide, et enfin à l’insouciance cavalière, il alla faire la cour de toutes ses forces à une autre pauvre jeune femme qui ne s’attendait à rien.

Enfin, quoique ce fût à peu près faux, j’eus bientôt aux yeux du monde la gloire d’avoir été préféré au beau Sainville, ce fut la peine bien méritée de ma duplicité : je la subis :

Quant aux preuves que le monde donnait à l’appui de mon bonheur, elles étaient d’ailleurs de la dernière évidence, ainsi que celles qu’il donne toujours. D’abord j’avais un jour demandé les gens de cette jolie femme, parce qu’elle n’avait eu personne pour les faire appeler ; une autre fois elle m’avait donné une place dans sa loge à un petit spectacle, puis je lui avais offert assidûment mon bras pour faire quelques tours de salon dans un raout où se trouvait tout Paris ; enfin, dernière et flagrante