Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/245

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quisses qu’il m’a montrées, et dans cinq ou six pensées fort remarquables qu’il m’a développées tout naturellement, j’ai vu de véritables lingots de l’or le plus fin et le plus pur, qui n’attendent que la façon et l’empreinte ; or, je vous assure qu’elles seront des plus magnifiques. Avec cela les meilleures formes ; et, au milieu de cette médiocrité, je ne sais quel parfum d’élégance native qui m’a frappé ; enfin, ces deux beaux jeunes gens sont si réservés, si nobles, si dignes dans leur pauvreté, que j’en ai été touché ; aussi vous dois-je une des plus suaves impressions que j’ai ressenties depuis bien des années. Votre commission est faite, les tableaux sont à vous, notre Frank va s’occuper des dessins ; quant au prix, il tirera à vue sur mon banquier. Je lui ai aussi demandé deux tableaux pour moi, car il m’a un peu remis en goût pour la peinture ; je lui enverrai de plus deux ou trois connaisseurs très-éminents qui sauront le faire valoir ; enfin, avant six mois, il gagnera ce qu’il voudra, et alors il perdra la seule chose qui, à mon avis, lui messied, c’est-à-dire la réserve un peu fière de ses façons ; car la fortune détend les âmes élevées, tandis qu’elle guinde les âmes basses jusqu’au sublime du ridicule et de l’insolence.