Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/247

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nous causerons plus librement, — me dit lord Falmouth en anglais pendant que nous passions dans la salle à manger.

Nous restâmes seuls.

— Grâce à Dieu, — me dit-il, — je n’ai jamais plus d’appétit que lorsque je m’ennuie. On dirait qu’alors la bête nourrit la bête.

— Je suis aussi assez gourmand, mais par accès, — repris-je ; — et j’arrive alors jusqu’aux limites de l’impossible, et où il me faudrait un génie créateur et inventif, je ne trouve plus qu’un cuisinier. Et puis, vous allez vous moquer de moi ; mais il me faut une raison pour diner avec conscience, si cela se peut dire ; après une longue chasse, par exemple, bien commodément étendu dans un fauteuil : j’y trouve une sensualité très-délicate ; mais faire de mon dîner une étude, réfléchir sérieusement à ce que je mange, c’est un plaisir trop borné ; car on tombe aussitôt dans les redites, et alors vient la satiété,

— Eh bien ! — me dit lord Falmouth, — j’ai eu, moi, un véritable Christophe Colomb en ce genre, qui m’a découvert des mondes inconnus ; malheureusement il est mort, non pas par un lâche suicide, comme votre Vatel, mais