Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/248

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dans un bel et bon duel [1] avec le chef d’office de M. de Nesselrode ; car mon pauvre Hubert méprisait profondément l’office ; il s’en occupait parfois pour se délasser… en se jouant… comme il disait ; aussi prétendait-il que le pudding glacé à la Nesselrode était le fruit d’un de ses loisirs, et que son rival n’était qu’un plagiaire. Mais, triste sort des choses d’ici-bas, mon pauvre Hubert fut doublement victime, et le grand nom diplomatique, qui avait canonisé le pudding dans la légende des gourmands, surnagea seul.

— Chose singulière, — dis-je alors à lord Falmouth, — que le duel et le suicide descendent jusque-là, et combien il est vrai que les passions seules changent de nom !…

— C’est que pour mon pauvre Hubert la cuisine était une véritable passion. Assouvir la faim n’était qu’un vil métier, — disait-il ; — mais faire manger quand on n’avait plus faim, était un grand art selon lui, et un art qu’il mettait au-dessus de beaucoup d’autres.

— Et il avait raison, — dis-je à lord Falmouth ; — car si l’on était assez sage pour se tenir aux plaisirs sensuels, que la vie serait

  1. Historique.