Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/249

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calme ! ce qu’il y a d’admirable dans la jouissance des appétits physiques, c’est qu’ils peuvent toujours être rassasiés, et que leur satisfaction laisse une torpeur, un engourdissement qui est encore un charme, tandis que les productions d’esprit, même les plus splendides, ne laissent, dit-on, que regrets et amertume.

— Je suis de votre avis, — dit lord Falmouth. — Il est évident que toute pensée abstraite, longtemps poursuivie, ne laisse que doute et lassitude chagrine, parce qu’il n’est pas donné à l’esprit de l’homme de connaître la vérité vraie, ni d’atteindre au vrai beau, tandis qu’un appétit physique, largement satisfait, laisse l’organisation calme et doucement satisfaite, en cela que l’homme a complètement rempli une des vues précises de la nature.

— Cela est vrai ; la pensée use et tue.

— Et avec tout cela, — dit lord Falmouth en vidant lentement son verre, — on vit, le temps se passe, chaque jour on s’écrie : Quel ennui ! mais cela n’empêche pas, Dieu merci, les heures de couler.

— Et l’on arrive aussi, — lui dis-je, — au terme de la vie, jour sur jour, heure sur heure…