Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/250

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Lord Falmouth fit un geste de résignation, remplit son verre, et me poussa le flacon.

Nous restâmes quelques moments sans parler. Lord Falmouth rompit le premier le silence, et me dit :

— Votre voiture de voyage est-elle prête ?

— Sans doute, — lui dis-je fort surpris de cette brusque demande.

— Écoutez, — me dit-il, comme s’il se fut agi de la chose la plus simple : — vous êtes à cette heure très-malheureux, vous ne m’avez pas dit pourquoi, par conséquent je l’ignore ; Paris vous ennuie autant qu’il m’est odieux ; j’ai quelquefois rêvé un projet étrange, fou, et qui pour cela m’a beaucoup séduit, mais il me fallait un compagnon qui se sentît l’énergie de vouloir acheter des émotions nouvelles, fortes et puissantes, peut-être au mépris de sa vie.

Je regardai lord Falmouth fixement.

Il continua en vidant son verre a petits coups.

— Il me fallait, pour mettre ce projet à exécution, trouver quelqu’un qui, pour s’associer avec moi, fut, comme disent les bonnes gens, — tout prêt a se donner au diable, — non par misère, mais au contraire par surabondance des joies et des biens de ce monde…

Je regardai de nouveau lord Falmouth,