Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/39

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aisance, afin de faire croire sans doute à une conversation commencée, et, s’adressant à moi, ce qui me sembla fort étrange, me dit :

« Vous croyez donc, monsieur, que la partition de ce nouveau maestro annonce beaucoup d’avenir ?

— Un talent plein de charme et de mélancolie, madame, — repris-je sans me déconcerter. — Non pas peut-être d’une très-grande vigueur, mais sa musique est empreinte d’une suavité, d’une grâce inexprimables.

— Et quel est ce nouvel astre musical ? — demanda avec une nuance de prétention à madame de Pënâfiel la jeune femme qui venait d’entrer, et dont on venait de parler si légèrement.

— M. Bellini, madame… — lui répondis-je en m’inclinant, afin d’éviter cette réponse à madame de Pënâfiel.

— Et le titre de l’opéra, madame la marquise ? — demanda le mari de l’air du plus grand intérêt, et sans doute pour ne pas laisser épuiser si vite un tel sujet de conversation, chose en vérité assez rare.

— J’avais oublié de vous dire, madame, que le titre de ce nouvel opéra est la Norma, — me hâtai-je de répondre en m’adressant à madame