Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/51

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— Mais votre grand poète, — dis-je à lord Falmouth, — Byron, n’a-t-il pas eu quelque temps, dit-on, l’enfantillage de s’occuper de ces folies ?

— Byron !! Ah ! ne parlez pas de cet homme, — s’écria la marquise avec une expression d’amertume et presque de haine.

— Ah ! prenez garde, — me dit lord Falmouth en souriant. — Sans y songer, vous venez, monsieur, d’évoquer vous-même une diabolique figure, que madame la marquise va conjurer de toute la force de ses exorcismes, car elle le déteste. »

Je fus fort étonné, car j’étais loin de m’attendre à trouver madame de Pënâfiel anti-byronienne. Tout ce qu’on racontait de son esprit fantasque et hardi me semblait au contraire fort en harmonie avec ce génie dédaigneux et paradoxal. Je restai donc très-attentif au reste de la conversation de madame de Pënâfiel, qui reprit avec un sourire amer :

« Byron ! Byron ! si cruel et si désespérant ! cœur méchant et dur ! Quand on songe pourtant que, par une inexplicable fatalité, tout esprit jeune et riche d’un trésor d’illusions inestimables s’en va justement les prodiguer à