Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/52

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ce démon méprisant et insatiable ! c’est à croire en vérité à la loi des contraires.

— Mais rien n’est plus évident que l’attraction des contraires, — dit lord Falmouth. — Je vous le demande, le charmant papillon, par exemple, manque-t-il jamais, l’intelligent petit être aérien qu’il est, dès qu’il voit quelque part une flamme bien vive et bien rôtissante, d’accourir tout de suite avec toutes ses grâces de fils de Zéphire et d’Aurore, afin de s’y faire délicieusement griller ?

— Aussi, — reprit madame de Pënâfiel avec une sorte d’exaltation qui la rendit très-belle, — je ne puis penser sans amertume à tant d’âmes nobles et confiantes, à jamais désespérées par le génie malfaisant de Byron ! Oh ! qu’il s’est bien peint dans Manfred ! Tenez : le château de Manfred, si sombre et si désolé, c’est en vérité sa poésie ! c’est son terrible esprit !! Sans défiance vous entrez dans ce château, dont l’aspect sauvage et élevé vous a frappé ; mais une fois entré, une fois sous le charme de son hôte impitoyable, les regrets sont vains, il vous dépouille sans merci de vos croyances les plus pures, les plus chéries ; et puis, quand la dernière vous est arrachée, quand la dernière étincelle de foi est éteinte