Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/55

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ou entendu ce qu’on voit et ce qu’on entend, bien qu’on ait la certitude absolue de voir le site qu’on regarde, ou d’entendre la personne qui parle, pour la première fois ; or, ce que venait de dire madame de Pënâfiel à propos du génie de Byron ou de Scott me fit ressentir une impression analogue. Cela était tellement selon ma pensée intime, et en semblait si parfaitement l’écho, que je demeurai d’abord presque stupéfait ; puis, réfléchissant bientôt qu’après tout, ce que madame de Pënâfiel venait de dire là n’était qu’une appréciation fort simple et fort naturelle de deux esprits opposés, je continuai très-froidement, sans laisser pénétrer ce que j’avais éprouvé ; car madame de Pënâfiel m’avait semblé véritablement très-émue et très-naturelle en parlant ainsi :

« Sans doute, madame, le génie de Byron est très-désolant, et celui de Scott très-consolant, et l’un me semble aussi avoir un très-grand avantage sur l’autre ; mais ces désolations et ces consolations me paraissent un peu superflues à notre époque ; car aujourd’hui on ne s’afflige ni on ne se console de si peu.

— Comment cela ? — me demanda madame de Pënâfiel.

— Mais il me semble, madame, que nous