Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/67

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recherchée, on s’y presse, aucune avance ne coûte pour y être admis ; lui reproche-t-on des légèretés ? qu’importe, toutes les femmes la reçoivent et lui amènent leurs filles, sans doute pour leur enseigner de bonne heure cet édifiant oubli des outrages… qu’on a prodigués, et des calomnies.,., qu’on a répandues soi-même.

Ces réflexions me viennent à propos de madame de Pënâfiel ; car peu à peu je m’étais habitué à la voir souvent, et bientôt presque chaque jour.

Ainsi que cela arrive d’ordinaire, je l’avais trouvée absolument autre qu’on ne la jugeait.

— On la disait hautaine et impérieuse, je ne l’avais trouvée que digne ; — ironique et méprisante, je ne l’avais jamais entendue adresser ses railleries ou ses dédains qu’à des sujets bas et méprisables ; — méchante et haineuse, elle m’avait paru bonne et pitoyable ; — fantasque, bizarre et morose ; quelquefois seulement je l’avais vue triste.

Maintenant, cette différence si marquée entre ce que je voyais et ce que j’avais entendu dire devait-elle être attribuée à la profonde dissimulation qu’on reprochait à madame de Pënâfiel ? Je ne le sais.

J’ignore si j’étais fort épris de madame de