Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/11

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m’avait autrefois causée sa mort, et le chagrin d’amour que je ressentais.

Faut-il, hélas ! l’avouer à ma honte ? En étudiant avec une expérience si malheureusement précoce ces différentes sortes de tristesses, ce dernier chagrin me sembla moins intense, mais plus âcre ; moins profond, mais plus orageux ; moins accablant, mais plus poignant que le premier.

C’est qu’il y a, je crois, deux ordres de souffrances : la souffrance du cœur… légitime et sainte.

La souffrance de l’orgueil… honteuse et misérable.

La première, si désolante qu’elle soit, n’a pas d’amertume ; elle est immense, mais on est fier de cette immensité de douleur, comme on le serait du religieux accomplissement de quelque grand et triste devoir !

Aussi, les larmes causées par cette souffrance coulent abondantes et sans peine ; l’âme est disposée aux plus touchantes émotions de la pitié ; on est plein de commisération et d’amour ; enfin, toutes les infortunes sont les sœurs chéries et respectées de votre infortune.

Au contraire, si vous souffrez pour une cause indigne, votre cœur est noyé de fiel ; votre dou-