Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce tableau calme et majestueux nous frappa ; aucun bruit ne troublait le profond silence de la nuit ; seulement, de temps à autre, nous entendions le murmue faible et monotone des flots endormis qui se déroulaient sur la grève.

J’étais tombé dans une profonde rêverie, lorsque Falmouth me fit remarquer, à la clarté de la lune, le mastic dont on a parlé, qui s’avançait hors de la baie remorqué par sa chaloupe : quelques minutes après il jeta l’ancre à l’extrême pointe et en dehors du port, comme s’il eut voulu se tenir prêt à mettre à la voile au premier signal.

— Notre yacht passera seul la nuit dans la baie, — me dit Falmouth, — car le mystic paraît se disposer à partir.

— Entre nous, votre Gazelle n’aura guère à regretter cette compagnie, — lui dis-je, — car j’ai vu au jour ce bâtiment, et il est impossible de rencontrer un navire d’une plus sordide apparence : comparé à votre goélette, si élégante et si coquette, il a l’air d’un hideux mendiant auprès d’une jolie femme…

— Soit, — me dit Falmouth, — mais le mendiant doit avoir de bonnes jambes, je vous en réponds. J’ai aussi remarqué ce bâtiment,