Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/40

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Souvent, lorsque la goélette bien eon route ouvrait son sillon de blanche écume à travers les eaux paisibles de la Méditerranée, Williams et Geordy venaient s’asseoir côte à côte sur un canon, et là, les bras entrelacés, le visage sérieux et pensif, ils lisaient pieusement une vieille Bible à fermoirs de cuivre, posée sur leurs genoux, n’interrompant leur lecture que pour jeter quelquefois un regard mélancolique sur l’horizon immense et solitaire… distraction qui était encore un hommage à la grandeur de Dieu !

D’autres fois, cette religieuse lecture terminée, les deux frères se livraient à de longues causeries.

Un jour j’eus la curiosité de surprendre une de leurs conversations : je vins m’asseoir près du canon où ils se tenaient d’habitude, et, après quelques mots échangés avec eux, je feignis de m’endormir…

Je les entendis alors se faire de naïves confidences sur leurs espérances, se rappeler les doux souvenirs de leur pays, s’encourager réciproquement à bien servir Falmouth, ce noble protecteur de leur famille, pour lequel ils témoignaient cet attachement respectueux, dévoué, presque filial, que conservaient autre-