Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/41

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fois chez nous pendant plusieurs générations successives les familles domestiques (dans l’acception féodale du mot [1]) pour les grandes maisons qui les patronnaient.

Quand les deux frères parlaient du lord, c’était toujours sans irrévérence, sans envie, et surtout sans aucun retour amer et jaloux sur leur obscure et pauvre condition.

Une fois, entre autres, ils racontèrent quelques particularités de la vie de Falmouth qui me frappèrent d’étonnement. Cet homme, que j’avais cru si blasé sur tous les sentiments humains, avait mille fois témoigné de la bonté la plus généreuse, de la délicatesse la plus exquise. Williams et Geordy en parlaient avec admiration.

À mesure que je vivais dans l’intimité d’Henry, ma surprise augmentait.

Chaque jour je découvrais en lui les qualités les plus éminentes et les plus opposées au caractère factice ou réel sous lequel je l’avais connu jusqu’alors. Son humeur était d’une sérénité sans égale, sa finesse, sa pénétration prodigieuses, son esprit d’une élévation rare.

  1. C’est-à-dire faisant partie de la maison ; il ne s’attachait à ce titre aucune idée de servilité : les pages, les écuyers et les gentilshommes étaient domestiques dans cette acception.