Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Bientôt, dans nos longs entretiens, je remarquai que son ironie devenait moins acérée, son observation moins caustique, son scepticisme moins implacable ; on eut dit que peu à peu il déposait les pièces d’une armure dont il reconnaissait l’inutilité.

C’était alors avec bonheur que je voyais le caractère de Falmouth se transformer ainsi complètement.

Je me sentais séduit par l’insistance cordiale et touchante avec laquelle il me demandait mon amitié. Je jouissais avidement de ce sentiment vif et sincère, dont j’éprouvais pour la première fois les douceurs consolantes ; aucun sacrifice ne m’eut coûté pour assurer l’avenir de cette affection si précieuse pour moi ; et, comme je l’éprouvais généreusement, vaillamment, je me sentais digne de l’inspirer.

Heureux de ma confiance, c’était avec l’accent de la gratitude la plus profonde que Falmouth me remerciait d’avoir cru à son amitié. Marchant désormais ainsi dans la vie, bien appuyés l’un contre l’autre, — me disait-il, — toutes ses peines seraient bravées ; car les déceptions de l’amour, de l’orgueil, de l’ambition, toujours si douloureuses, parce qu’elles sont concentrées,