Page:Sue - Kernok le pirate, extrait de Le Roman no 697-706, 1880.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Son costume ne le distinguait en rien d’un simple matelot ; seulement deux ancres d’or étaient brodées sur le collet de sa veste grossière, et un large poignard recourbé pendait à sa ceinture par un cordon de soie rouge.

Les habitants de la cabane examinaient l’étranger avec une expression de crainte et de soupçon, et attendaient patiemment que ce singulier personnage fît connaître le but de sa visite.

Mais lui ne paraissait occupé que d’une chose, de se réchauffer ; aussi jeta-t-il sans façon dans le foyer quelques morceaux de bois encore garnis de fer. « Chiens, dit-il entre ses dents, ce sont les débris d’un navire qu’ils auront attiré et fait échouer sur la côte. Ah ! si jamais L’Épervier…

— Que voulez-vous ? » dit Yvonne, lasse du silence de l’inconnu.

Celui-ci leva la tête, sourit dédaigneusement, ne dit mot, allongea ses jambes le long du feu, et, après s’être établi le mieux possible, c’est-à-dire le dos appuyé contre la muraille et les pieds sur les chenets :

« Vous êtes Pen-Hap le cacou, n’est-il pas vrai, mon brave ? dit enfin Kernok, qui, à l’aide de son bâton ferré, tisonnait avec autant d’aisance que s’il eût été au coin de la cheminée d’une excellente auberge de Saint-Pol ; et vous, la sorcière de la côte de Pempoul ?